dimanche 30 mai 2010

LES ENFANTS ONT-ILS DES PRÉJUGÉS ?


  Le développement de l’identité commence chez l’enfant après sa naissance, au sein de son environnement familial comme dans l’entourage culturel, social et linguistique selon Dr Barbara Biles, spécialiste américaine du développement de l'enfant.

Dès l’âge de 2 ans, les enfants reconnaissent les différences physiques et commencent à explorer. C’est d’ailleurs la période où en Petite section de maternelle, ils apprennent les différentes couleurs et sont capables de faire la relation avec la couleur de la peau. Leur curiosité naturelle va donc les pousser à poser des questions sur les différences.
Leurs questionnement et commentaires présagent déjà une certaine influence des préjugés de la société. C’est ce que nous appelleront les « pré-préjugés ».

Entre 3 et 4 ans, l’enfant à une tendance à classifier par taille et couleur. Ils posent beaucoup de questions sur les textures de cheveux différents, les couleurs de peau différentes…
Ils sont à la recherche de désignation pour les différentes origines ethniques : « est ce que cette dame est en chocolat ? Et moi, est ce que je suis à la vanille ? »
Les enfants ont tendance à croire à cet âge que parce que leur corps grandit et change, la couleur de leur peau et d’autres traits physiques pourraient changer aussi. C’est à cette période aussi que l’enfant commence à préférer une race.

Une expérience réalisée auprès d’enfants en bas âges (maternelle) il y a 50 ans aux Etats-Unis par le Dr. Kenneth Clark montre que les enfants noirs américains préfèrent les poupées blanches aux poupées noires. Une version documentaire actualisée intitulée a girl like me a été réalisé par Kiri Davis en 2006. Dans ce documentaire plus de 2/3 des enfants noirs choisissent des poupées blanches.
Voici le déroulement d’un entretien traduit par nos soins. Une voix rassurante demande:

“Can you show me the doll that looks bad?” (Peux-tu me montrer la vilaine poupée ?)
L’enfant, une petite fille noire âgée de 4 ans, fait son choix assez rapidement et montre la poupée noire (qui est identique à la poupée blanche à part la couleur de la peau)

-          “And why does that look bad?” (Et pourquoi tu la trouves vilaine ?)
-          “Because she’s Black,” (Parce qu’elle est noire)
-          “Can you show me the doll that looks good?”(Peux-tu me montrer la jolie poupée ?)
La fillette désigne la poupée blanche.
-          “And why is this the nice doll?” (Et pourquoi tu la trouves jolie?)
-          “Because she’s White.” (Parce qu’elle est Blanche)
-          “And can you give me the doll that looks like you?” (Et peux-tu me montrer la poupée qui te ressemble ?)
La petite fille hésite pendant à peu près deux secondes et désigne la poupée noire qu’elle venait juste de désigner comme étant la plus laide.

Cette petite fille est déjà influencée par les préjugés sociaux qui causent en elle un fort complexe… A sa suite plusieurs autres enfants répondront comme elle.
A cet âge le jugement de l’enfant est limité et c’est pour cette raison qu’il est facile pour eux de croire aux stéréotypes et de former des « pré-préjugés ».

A partir de 5 ans, les enfants vont développer des notions d’appartenance ethnique et commencent à s’identifier comme membre d’un groupe défini. A l’entrée en école primaire c'est-à-dire généralement vers 6/7ans, ils comprennent maintenant que la couleur de la peau d’une personne ne s’en ira pas au lavage mais qu’elle restera intacte toute sa vie. A cet âge, ils peuvent aussi ressentir des sentiments tels que la honte ou la fierté.

Il est indéniable que les enfants conscientisent très tôt les différences de taille, de couleur de peau, de sexe. Cependant il est nécessaire de rappeler que leur conception de la « race » ne dérive pas de leurs observations mais procède d’une préconception qui va se développer et éventuellement se modifier en fonction de l’environnement culturel.

Les préjugés peuvent donc endommager l’image de soi des enfants appartenant à des groupes minoritaires et fragiliser leur confiance en eux mais aussi celle des enfants issus des groupes majoritaires. Ceux-ci peuvent assimiler leurs valeurs à leurs appartenances ethniques. 

Le travail antidiscriminatoire ne devrait plus être perçu comme quelque chose de particulier dans l’éducation des enfants mais plutôt comme une étape normale. Le travail doit commencer par les enfants car ils réalisent très tôt à quel groupe de la société ils appartiennent. C’est à l’école, dans les aires de jeux qu’ils rencontrent d’autres enfants. Pour ne pas qu’ils méprisent la différence, il faut qu’un dispositif éducatif soit mis en place pour la leur apprendre. Nous pensons entre autre à « Une éducation interculturelle pour une éducation à l’antiracisme »

Maria Anney

7 commentaires:

  1. "Commence à préférer une race" ou passe le cap, avec brio pour certains, de ce choix !
    Je ne me souviens pas avoir entendu un enfant se demander si telle ou telle personne était ou en chocolat ou à la vanille ! Il est vrai que je n'ai pas entendu tous les enfants !
    Cependant, les enfants sont, me semble-t-il bien plus perspicace que cela en tout dès le moment où ils prennent conscience du "moi", c'est-à-dire très petit, par ailleurs je ne pense pas que ces mêmes enfants éprouvent un besoin de classifier l'Homme sur base de sa teinte. Je pense en particulier aux enfants brésiliens qui offrent une palette de couleur pour le moins très riche et qui évoluent dans l'ensemble dans l'harmonie la plus totale (toute relative, mais les dérives existent aussi là-bas). Par contre, je me souviens avoir entendu des grandes personnes marquer une différence de la couleur par ce truchement. Je pense que les pré-jugés se fondent sur les réponses qu'obtiennent ces enfants quand ils éprouvent la nécessité de comprendre la raison pour laquelle certains sont plus ou moins foncés ou clairs que d'autres.
    Les enfants sont ce que nous en faisons.

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  2. Je suis totalement d'avis avec Diork sur l'origine des préjugés chez les enfants. L'enfant est presqu'un automate il retient et répète ce que disent ces encadreurs, ses parents. Il peut certes préférer telle couleur par rapport à telle autre mais il est incapable d'opérer une catégorisation des couleurs (en terme de supériorité ou d'infériorité). Tout simplement parce qu'il n'est pas encore pénétré de l'histoire des peuples. Donc le préjugé ne peut que naître de ce que lui disent ses parents ou autres.

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  3. Merci pour ce sujet chère amie.
    Ce que je peux dire à ce sujet c'est que les parents sont les premiers modèles de l'enfant.
    Certains comportements ou réactions de l'enfant au bas âge ne sont que les copies conformes de ceux des parents.

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  4. Mesdames, Messieurs,

    Pour rejoindre les uns et les autres, je dirai qu'en plus du fait qu'il ne faut pas confondre les notions que sont: les stéréotypes, les préjugés et les discriminations, il faut savoir que ceux-ci font partie de notre héritage culturel parce que transmis consciemment et consciemment par notre culture au même titre que les normes, les habitudes et façons de faire avec les autres et soi-même.
    Ainsi, tout au long de notre vie, nous faisons l'apprentissage de normes et de valeurs qui caractérisent et sous-tendent le groupe auquel nous appartenons. En retour, celles-ci influencent nos attitudes et comportements.
    Il existe de nombreuses sources de socialisation que sont les familles, l'école, les médias, les pairs (groupes de référence), etc... qui sont en quelque sorte ce qui influence une personne quelle qu'elle soit à agir d'une manière plutôt que d'une autre. En un mot: c'est notre Éducation qui pour être mieux accomplie se fait plus par les faits et gestes que pose notre environnement que par les leçons qu'il nous dicte.

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  5. Les enfants sont influencés par leur entourage immédiat et leur lot quotidien. Ils s'adaptent facilement au milieu dans lequel il vivent et grandissent. S'ils reçoivent des idées préconçues de leurs éducateurs dès leur tendre enfance et grandissant avec , c'est sur et certain qu'ils ne pourront pas se départir ces idées. quant au racisme, les enfants ne se prêtent pas à ce jeu. Ils s'intègrent et a s'adaptent à tout à moins que les adultes ou leurs parents n'aient eu a leur faire comprendre que tel peuple ou telle race est inférieur, comme ci ou comme ça.

    A mon avis et cela n'engage que ma personne, les enfants ont des préjugés mais pas de préjuges racistes. A titre d'exemple, l'un des préjugés qu'ont les enfants, c'est de croire que " Papa est le plus fort du monde et qu'il peut les protéger contre tout le monde et contre tout danger" . Mais lorsqu'ils grandissent, ils s'aperçoivent que ce n'est pas forcement vrai. Et lorsqu'ils deviennent adultes et que Papa devient vieux avec les cheveux grisonnant , ils se rendent maintenant compte que "Papa est aussi fragile, et qu'il faudrait qu'ils le protègent". Dire que les enfants ont des préjugés raciste, à ce niveau, je m'inscris en faux. Tout part des adultes qui sont censés les éduquer et les informer.

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  6. Monsieur,

    Je ne sais pas si je vous ai bien lu, mais je voudrais dire que l'enfant a des préjugés racistes au même titre voire plus que l'adulte si telle est que son environnement l'éduque consciemment ou inconsciemment quant à ces considérations.
    L'erreur qu'il ne faut pas commettre c'est de penser que l'enfant naît avec ses préjugés. C'est au fil du temps que nous nous construisons toutes sortes de préjugés, stéréotypes, etc... C'est à travers une socialisation que nous nous adaptons volontairement et involontairement à telle ou telle considération partisane ou pas.
    Mais, il faut savoir que l'enfant ne s'empêche pas de savoir pourquoi l'inconnu a une couleur de peau différente de celle de ses parents ou proches. Pour exemple, le petit africain "noir" appréhendera le premier occidental "blanc" qu'il verra et vice-versa. Tout ceci pour dire que le racisme, c'est aussi la peur légitime de l'inconnu avant d'être le rejet de l'autre.
    Et pour finir, il faut ajouter que l'enfant sait très vite par ce truchement avec les autres s'il est favorisé ou pas.

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  7. Mon père était le plus fort du monde, d'ailleurs il était plus fort que le tien Hervé (lol), en tout cas c'est ainsi que l'on me l'a fait comprendre très tôt .. je ne l'avais pas sorti de "mon chapeau" = préjugé, mais qui avait le mérite de donner une certaine confiance nécessaire au bon développement de l'enfant que j'étais, au même titre, l'on aura tenté, en vain mais à la même époque, de me faire croire que les "noirs étaient des cannibales" (il y allait fort à l'époque !), il faut dire que MonPapaLePlusFortDuMonde veillait au grain. Puis il a du se confronter à des problèmes que je comprenais alors, il n'aura pas conséquent pas eu besoin de devenir vieux pour que soit cassé ce préjugé le concernant en milliard de petits morceaux = choc
    Comme il avait, en son temps, su casser cet autre préjugé débile... = reconnaissance.
    Je pense, pour ma part, à nouveau, que tous les préjugés se construisent de la même manière, ils sont tous potentiellement dangereux, en tout cas ils abêtissent l'enfant que nous étions, que dire de l'adulte qui s'en est suivi quand ces préjugés et autres stéréotypes n'auront pu être cassés à la base.

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