dimanche 18 avril 2010

Méditation

Nous voudrions parfois que Dieu manifeste son pouvoir en délivrant de façon définitive l’Église de ceux qui la persécutent. Et il nous vient peut-être l’envie de demander : pourquoi permets-tu qu’ils humilient ainsi le peuple que tu as racheté ? C’est la plainte que saint Jean dans l’Apocalypse place sur les lèvres de ceux qui ont rendu témoignage au Christ jusqu’à la mort
: J’aperçus sous l’autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu. Ils se mirent à crier à toute force : « Jusques à quand maître saint et vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? [10]» La réponse ne se fait pas attendre : [on leur dit] de patienter encore un peu, le temps que fussent au complet leurs compagnons de service et leurs frères qui doivent être mis à mort comme eux[11].

C’est la façon d’agir de Dieu. Ceux qui ont été témoins de l’arrestation du Christ, de son jugement inique, de son injuste condamnation, de sa mort ignominieuse, en ont conclu de manière erronée que tout était fini. Et cependant, la Rédemption des hommes n’a jamais été si proche que lorsque Jésus a volontairement souffert pour nous. Combien ce mystère est à la fois merveilleux et surprenant, commente le saint-Père. Nous ne méditons jamais suffisamment cette réalité. Jésus, tout en étant Dieu, ne voulut pas faire de ses prérogatives divines une possession exclusive; il ne voulut pas faire usage du fait d'être Dieu, de sa dignité glorieuse et de sa puissance, comme instrument de triomphe[12].

Le Seigneur désire que le mystère de l’abaissement et de l’exaltation par lequel il a mené à bien la Rédemption s'accomplisse chez les membres de son Corps mystique. Le Vendredi saint est un jour plein de tristesse, il est donc dans le même temps un jour plus que jamais propice pour restaurer notre foi, renforcer notre espérance et le courage de porter chacun notre croix avec humilité, confiance et abandon en Dieu, assurés de son soutien et de sa victoire. La liturgie de ce jour chante: O Crux, ave, spes unica - "Salut, ô croix, unique espérance!"[13] Je vous suggère quelque chose que j’ai vu faire chez notre Père : savourer, méditer, faire siennes ces paroles que l’on répète de façon particulière durant la Semaine Sainte : Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. Quia per sanctam Crucem tuam redemisti mundum !

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