lundi 28 juin 2010

L'EXTRÊME PAUVRETÉ A FORTEMENT RECULÉ DANS LE MONDE


À cinq ans de la date butoir fixée pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le tableau dressé dans le rapport 2010 des Nations unies est peu encourageant. Pire encore, l'avenir, assombri à la fois par les crises, financière, économique et alimentaire, et par les menaces nouvelles liées au réchauffement climatique, semble hypothéqué. Le bilan est "mitigé", a reconnu Fabrice Ferrier, coordinateur pour la France de la Campagne du millénaire des Nations unies, à l'occasion de la présentation du rapport à Paris, mardi 22 juin. 

A moins d'un électrochoc, sept des huit objectifs - assortis de 21 "cibles" et de 60 indicateurs statistiques - fixés par les 147 chefs d'État présents à New York, en septembre 2000 pour le Sommet du millénaire, n'ont aucune chance d'être atteints d'ici à 2015.
 
Seul (une partie de ) l'objectif 1 ("réduire de moitié, de 1990 à 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour" (Non l'objectif ne sera pas atteint car il concernait aussi la réduction de la faim " Objectif n°1 : Réduire l'extrême pauvreté et la faim" et sur le site des objectifs du Millénaire il est plutôt nommé" End Hunger")) devrait être atteint. (Le fait que seul ce résultat soit en passe d'être atteint permet de mesurer à quel point réduire le progrès -l'amélioration des conditions de vie- à l'évolution d'indicateurs économiques comme le PIB est stupide, De 1,8 milliard, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté (redéfinie depuis à moins de 1,25 dollar par jour) devrait passer à 920 millions d'ici à 2015. Mais l'Afrique subsaharienne, de même que certaines régions d'Europe de l'Est et d'Asie de l'Ouest n'y parviendront pas.
 
L'Afrique noire apparaît comme le grand perdant des OMD. Qu'il s'agisse de parvenir à l'éducation primaire pour tous (objectif 2), d'éliminer la disparité entre les sexes (objectif 3), de réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans (objectif 4), de baisser de trois quarts le taux de mortalité maternelle (objectif 5), d'enrayer la propagation du sida (objectif 6) et d'intégrer les principes du développement durable dans les politiques (objectif 7). A l'inverse, l'Asie, tirée par la croissance, a enregistré des progrès notables sur quasiment tous les points. 

L'objectif 8 ("mettre en place un partenariat mondial pour le développement") sera au cœur des débats entre la centaine de chefs d'État, attendus le 20 septembre à New York pour l'assemblée générale de l'ONU, et à qui il reviendra de relancer les efforts pour "tenir leurs promesses", selon les vœux de Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU. 

Financements "innovants"
 
Car aux deux tiers du parcours, force est de constater que les pays développés n'ont pas tenu leurs engagements. Seuls cinq pays donateurs (Danemark, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège et Suède) ont atteint la cible de 0,7 % du revenu national brut (RNB) fixée par l'ONU pour l'aide publique au développement (APD). Le montant total de l'APD a atteint, en 2009, 119,6 milliards de dollars (97,5 milliards d'euros), soit 0,31 % du revenu national cumulé des pays développés. L'aide de l'Union européenne plafonne à 0,56 % et la France y a consacré 8,5 milliards d'euros, soit 0,46 % de son RNB. 

Les engagements pris en 2005, lors du sommet du G8 de Gleneagles (Ecosse), auraient dû faire passer le montant total de l'APD à 130 milliards de dollars. En 2010, les prévisions, revues à la baisse du fait du ralentissement de la croissance, font craindre que l'APD ne s'établisse à 108 milliards de dollars. Le manque à gagner touche particulièrement l'Afrique, qui "ne recevra que 11 des 25 milliards de dollars promis en 2005"

Les aides publiques ayant montré leurs limites, certains pays, dont la France, comme l'a souligné Philippe Thiébaud, directeur des biens publics mondiaux au ministère des affaires étrangères, entendent pousser à New York la piste des financements "innovants", à l'image de la taxe sur les billets d'avion introduite en 2006, et qui a depuis rapporté 2 milliards d'euros. Une taxe sur les transactions financières est toujours à l'étude ainsi qu'un prélèvement sur les paris sportifs.
 

Brigitte Perucca (Journal Le Monde)
Article paru dans l'édition du 24.06.10

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